Territoires du cinématographe VI
Journal d’une résidence de création artistique et de médiation culturelle en Ardèche
La lectrice ou le lecteur souhaitant connaître la raison d’être de ce journal peut en lire l’introduction, exposée en préambule à sa première livraison1.
Sixième partie : résister malgré les résistances, Aubenas, Lussas et ailleurs, 17 – 22 août 2020
Nous avions organisé cette semaine albenassienne avec La Maison de l’image, stimulés par la concomitance de plusieurs projections en plein air dans des sites d’une variété géographique propice à élargir mes « territoires du cinématographe ». Quant à Lussas, où la trente-deuxième édition des États généraux du film documentaire était initialement prévue aux mêmes dates, nous ne savions pas encore ce qui pourrait y avoir lieu, jusqu’à la date du 11 juillet où, comme je l’ai dit précédemment2, Ardèche Images annonça qu’il y aurait bien un événement cette semaine-là – pas cette trente-deuxième édition « à proprement parler », mais du « cinéma malgré tout ». J’ai donc vécu pour ainsi dire deux semaines cinématographiques en une.
Le 17 août, Aubenas, Lussas et Labeaume
Je devais partir hier, dimanche 16, pour une soirée de projection à Loubaresse. L’orage en a décidé autrement. En l’absence d’un lieu abrité où la replier, la projection a été annulée. Si c’est le même orage qui est arrivé dans la nuit à Nyons, ils ont bien fait. Je verrai Loubaresse une autre fois.
Aubenas un lundi, c’est un peu comme Katmandou les jours de grève. Et le contenu du frigo de Philippe, de son propre aveu, peine à inspirer aucun projet culinaire. La raison : il part dans quelques jours. Direction la Biennale de Venise, pour animer un atelier pour exploitants de salles de cinéma Art et essai. On trouve tout de même un lieu où déjeuner. Puis je m’en vais vers Lussas, où j’ai rendez-vous avec Nicolas Bole, l’assistant de la directrice artistique du festival Pascale Paulat, pour préparer mon travail de la semaine. Les couloirs du lieu, l’Imaginaire, sont gentiment animés, mais ce n’est pas la foule. Chacun semble chercher quelqu’un qui n’est pas là. Avec Nicolas, il se décide que j’irai voir au moins une séance en plein air, une séance de « cinéma malgré tout » suivie d’un débat en visioconférence avec les spectateurs d’une autre salle, et une projection chez l’habitant.
Il y a là un autre photographe. Nicolas fait les présentations. C’est Emmanuel Le Reste, un jeune Ardéchois et Montreuillais, qui couvre le festival depuis plusieurs années. On cause un bon moment sur la terrasse de la cuisine de l’Imaginaire, vide à part nous, en partageant une bouteille d’eau. Lui vient du monde de la bijouterie et est arrivé à la photographie par des chemins détournés. La discussion avance assez naturellement vers notre question du jour à tous les deux : qu’est-il possible de photographier ici, et comment ? D’ordinaire une édition des États généraux attire six mille visiteurs uniques. Mille par jour en moyenne. Cet après-midi la faible fréquentation des salles, des cafés et des ruelles du village le plonge dans le désarroi. Quant à moi, attendu que c’est ma première visite, je n’ai aucun point de comparaison. Néanmoins il n’est pas difficile de sentir que ce n’est pas l’animation habituelle. Pleins de doutes, donc, tous les deux. Puis la causerie dérive vers Instagram, activité qu’il pratique3, qui de son propre aveu lui a ouvert bien des portes, et qu’il m’invite à ne pas négliger pour assurer ma communication, en m’y adonnant une à deux heures par jour maximum.
Pascale Paulat nous rejoint. Heureux de la revoir. Toujours cette impression que nous avons quelque chose à nous dire qui dépasse son moi de directrice artistique et mon moi de photographe. Quelque chose où il serait question du sens de l’image. Le temps le dira. Pas facile de parler du sens de l’image avec des gens d’image. Celles et ceux qui font profession de fabriquer ou de diffuser l’image renâclent souvent à en questionner la nécessité fondamentale. À l’Agence VU’, en privé certaines conversations sont possibles, encore que trop rares, mais si je devais m’y référer pour nourrir un texte critique, il est à craindre que je me sentirais obligé de les anonymiser. Pascale prend le temps de s’asseoir avec nous pendant une demi-heure. On parle de cette étrange édition, de nos sentiments quant au masque facial et à ce qu’il modifie de notre vie sociale. Au bout d’un moment elle s’étonne elle-même d’avoir pu rester assise à échanger avec nous pendant si longtemps le jour d’ouverture du festival. Les années précédentes, c’eût été impensable. Imaginer ce que cette inauguration aurait dû être pour elle me fait penser aux plus sombres heures de la fin de la direction artistique de Christian Caujolle à l’agence VU’ où, jeune photographe descendant au sous-sol du 17 boulevard Henri IV à Paris, je ne pouvais que mesurer combien le monde dans lequel il lui était advenu d’exercer son métier le détruisait. Il ne faut jamais oublier combien ces métiers sont avides de nos humanités, et rarement les méritent. Puis je vais marcher un peu. Le village est vide. Je prends quelques photographies du vide. Du mal à ne pas penser à Mozinor. Oserais-je citer cette référence ? « Mais où est-ce qu’ils sont passés les mecs ? Y’a plus personne… » Je l’ose à moitié : les curieux iront voir la suite d’eux-mêmes4.
Et pourtant des séances ont lieu. De la part de Pascale Paulat et son co-directeur Christophe Postic, il y a certainement du courage à avoir maintenu, à défaut de leur festival, une forme qui le remplace et où des films sont montrés malgré tout. Tout invitait au contraire à l’abstention : l’exemple des autres, l’évanescence des spectateurs, la peur, la binarité de l’époque, le régime de défiance et de soupçon envers tout et son contraire dans lequel nous vivons. Ils y ont résisté. Si, comme le dit Gilles Deleuze dans une conférence célèbre sur le cinéma5, c’est toujours à la mort que l’acte de résistance résiste, avoir persisté à organiser ce festival est probablement un acte de résistance. Faire un festival pour ne pas que meure le festival. Et pour faire mentir l’époque. Et si, comme le dit Giorgio Agamben dans une réflexion sur cette même conférence, la résistance est, dans l’acte de création, ce qui s’oppose à la capacité d’agir, la « puissance-de-ne-pas-faire » qui finalement donne à la création sa nécessité6, alors celle de ce festival doit être élevée.
Mais de quoi serait-elle faite, cette nécessité ? Que signifie maintenir l’organisation d’un festival international de cinéma documentaire, en Ardèche, dans « la situation sanitaire actuelle » selon l’euphémisme consacré, c’est-à-dire en respectant les règles du (ne pas) vivre (plus ou moins) ensemble qui en découlent ? Cela sert à montrer que ce festival-ci résiste à l’agonie, c’est entendu. Mais pour dire quoi et à qui ? Est-ce un acte passé ou futur ? Est-ce une manière de conjurer le vide en s’efforçant qu’il y ait quelque chose plutôt que rien – un peu, même si la cause du vide est différente, à l’image des réseaux culturels souterrains entretenus par les habitants de la ville d’Orange sous la mandature de Jacques Bompard ? Ou est-ce une façon de dire : il y avait le cinéma documentaire, il est menacé, nous travaillons à le défendre et à le préserver, et avec lui les valeurs qu’il met en jeu – regarder ensemble, réfléchir ensemble, questionner ensemble, inventer ensemble ? Et de dire en outre : certes il n’est pas agréable de montrer des films sous contrainte, nous aurions préféré le faire comme nous le faisions auparavant, mais en attendant que passe la tempête, à la peur nous préférons le cinéma, et parions que le public préfèrera comme nous ? Est-ce cela ? Auquel cas, est-ce suffisant ? Combien de temps une telle posture peut-elle tenir une fois taries les aides d’urgence ? Et qui sait combien de temps la tempête durera ?
Ou alors est-ce un geste neuf, né d’une intuition tournée vers le futur ? Un passage de l’éditorial de Pascale Paulat et Christophe Postic le laisse penser, où ils souhaitent « réfléchir aux transformations de nos expériences de spectateurs de cinéma dans un contexte de numérisation toujours croissant de l’industrie culturelle, particulièrement exacerbé ces temps-ci : interroger nos manières de regarder et l’incidence des modes de diffusion sur nos relations aux œuvres et sur les œuvres elles-mêmes. »7 Comme dans d’autres champs de la création, le prétexte actuel a ceci de positif qu’il oblige à repenser les modes opératoires de fabrication et de diffusion du sens, donc de sa définition même. Cela dit, ces questions préexistent à la sanitarisation de notre rapport au monde. Et la numérisation des pratiques me semble n’être qu’un effet marginal de causes plus larges. La question sous-jacente alors ne serait-elle pas : certes le cinéma est menacé, mais l’est-il par « la crise » (euphémisme encore), par l’ordre du monde, ou par lui-même ? Autrement dit, reste-t-il un outil pertinent de compréhension du réel et, davantage encore, ayant pris acte du basculement de l’humanité dans l’inconnu, a-t-il quelque chose à proposer pour contribuer à inventer l’avenir ?
Dans cette optique à mon avis, le premier écueil à éviter serait que ce présent sanitaire s’éternisant devienne le seul truchement de notre rapport au sens. Par exemple, depuis le mois d’avril nous avons reçu au Bec en l’air des dizaines de propositions de livres de textes et photographies relatant des épreuves individuelles de claustration. Compte non tenu des qualités ou défauts de ces manuscrits, cette tendance en dit long sur notre rapport collectif au temps et sur notre rapport individuel au temps pris dans ce temps collectif. Comme si nous ne supportions plus qu’une expérience humaine échappe à sa narration immédiate. Si l’année prochaine la programmation de Lussas est « sanitaire », ce sera mauvais signe. Si elle l’est dans dix ans, ce sera autre chose. Plus cet épisode dure, donc moins il devient épisode, plus ses conséquences sociales et anthropologiques seront marquées, plus nous aurons besoin de lenteur et d’outils pour les analyser, plus les acteurs du cinéma documentaire qui y auront survécu voudront prendre part à cette analyse. Dans le même temps, soit dit en passant, plus les sources de financement classiques tariront, si bien que pour prendre la parole il faudra chercher de l’argent ailleurs. Mais pour l’instant, qui peut honnêtement dire quelque chose sur le présent sanitaire qui transcende un peu sa propre expérience ?
Le soir, direction Labeaume. Projection des Vétos à nouveau, dans un endroit magnifique, un promontoire surplombant le village et la rivière dont il tire son nom. Vue dégagée sur des dizaines de kilomètres. Sylvain et Véronique sont à la technique. Je commence à avoir fait le tour des images possibles de ces projections. C’est-à-dire : possible pour moi. Je ne sais si c’est bon ou mauvais signe. J’ai l’impression que désormais elles ne deviennent intéressantes, ou plus intéressantes, que par la répétition, dans l’idée de constituer une sorte de typologie des lieux de ces projections. Pour le public évidemment c’est différent. Nombreux encore, ce soir. J’ai parlé avec des habitants du hameau d’en face qui n’étaient jamais venus jusqu’à cette terrasse.
Le 18 août, Lussas
Matinée d’écriture chez Philippe à Aubenas. Lui est au bureau. C’est de son appartement que je relis, amende et publie la cinquième livraison de ce journal de résidence, qui raconte cet été en plein air. J’ai pris ma guitare aussi, pour ne pas perdre les mains. Des gammes, la Suite en ré mineur de Robert de Visée, la deuxième Valse vénézuélienne d’Antonio Lauro et deux tubes de Francisco Tárrega, Lágrima et Adelita : c’est mon programme portatif actuel. Sinon sur la platine de Philippe, pour me changer de Mark Kozelek et Hariprasad Chaurasia à la maison, je fais tourner DJ Shadow, Blundetto, des raretés éthiopiennes et Horace Andy.
Après-midi à Lussas pour prendre l’atmosphère avant la projection de ce soir. Village désert. Assis sur les marches de l’église, me demandant que faire de mon appareil photographique, j’avise un bonhomme débarquant d’une automobile avec un sac sur le dos, puis errant sur le carrefour de Lussas à la recherche d’un festival. Voyant en moi un festivalier, donc le début d’un festival, il m’adresse la parole : « Drôle d’édition » ! En l’entendant de loin saluer le conducteur de la voiture, j’avais reconnu sans risque d’erreur son aire principale d’oralité : Bruxelles. On cause un peu. Ceci confirmant cela. C’est Xavier Christiaens, réalisateur. Il arrive en stop de je ne sais quelle gare TGV. Il est intervenant à l’École du documentaire depuis quelques années, à l’invitation de Chantal Steinberg, directrice de l’école. Il se présente comme auteur de documentaires de science fiction sur le futur antérieur. Il a beaucoup tourné en Asie centrale. Dieu sait ce que peut signifier un « documentaire de science fiction sur le futur antérieur », mais en effet, si cela existe quelque part, pour peu qu’il m’en souvienne le Kazakhstan peut certainement faire office de ce quelque part. Les rares passants le reconnaissent, s’arrêtent, font semblant d’hésiter puis l’embrassent chaleureusement, prennent des nouvelles. Nous sommes bientôt cinq ou six sur ce parvis. La parole circule. L’ambiance est à la fois légère et pleine d’assurance. Passe un groupe dans lequel je reconnais Jofroi, l’étudiant du mastère de l’École documentaire que j’avais rencontré en février. Il me reconnaît aussi. On se promet de passer un moment ensemble pendant mon séjour.
Plus tard, assis au Kilana, face à l’église, l’équivalent local du Tambourin, place du forum à Arles. Vers dix-sept heures il n’y a presque personne. J’écris là. Je prends quelques images du carrefour. En face, le long de l’église, il y a des barnums et des tables. Quelques personnes s’installent. Petit à petit l’assistance se densifie. Mais de loin au trente-cinq millimètres, pas grand chose à faire. Je devrais me mêler aux badauds mais n’en ai ni l’envie ni l’audace. Les dames du café sont gentilles. Je suis bien. Je reste à ma table, à l’abri de la véranda. Emmanuel, le photographe du festival, circule d’un groupe à l’autre et fait ce qu’il a à faire : des images. Comme à Arles, et comme moi-même sans doute lorsque je m’installais à la terrasse du Tambourin pendant mes stages, chacun affiche un air sûr de ce qu’il fait là. Philippe arrive, retrouve des amis, très à l’aise lui aussi. Des discussions s’amorcent, notamment avec Laureline Fusade, une ancienne bénévole des Rencontres des cinémas d’Europe que j’avais croisée alors à Aubenas et qui travaille ici désormais. Il y a aussi Victorien Tardif et Emmanuel Chevillat, les camarades de Neos films, société de production siégeant à l’Imaginaire. Philippe me les avait présentés en janvier ou février, autant dire à la préhistoire. Il refait les présentations. Si un projet de film voyait le jour sur la vie de Donald Duck Dunn, le bassiste de Booker T. and the MG’s qui joue notamment sur le « (Sittin’ on) the dock of the Bay » d’Otis Redding, Emmanuel Chevillat tiendrait le rôle à merveille. Je ne l’ai pas vu avec une basse, mais je l’ai puissamment vu en Donald Duck Dunn. En attendant il a son camion aménagé garé dans un champ transformé en parking entre le village et l’Imaginaire. Il ouvre les portes arrières, sort une couverture, de la vaisselle, un réchaud, on se retrouve à six ou sept, chacun tire de son sac des victuailles ramenées d’ici et là, et on pique-nique comme ça dans l’herbe.
C’est vite vingt-et-une heures, et bientôt le début de la projection dans le pré en contre-bas du bâtiment. Tout à coup, je ne sais d’où lui vient cette idée, Emmanuel « Duck Dunn » me propose de monter sur le toit de l’Imaginaire pour avoir un point de vue d’ensemble. Il s’emballe lui-même pour son projet, m’emporte dans son enthousiasme, trouve le gardien des clefs qui me les confie de bon gré et me laisse libre de mes allées et venues. Merci ! La scène est belle de là-haut. Les dispositifs coercitifs mis en place pour canaliser les spectateurs et les amener sains et saufs à leur siège sont moins agressifs vus de cette altitude. Les gens arrivent lentement. L’église du village s’illumine. Les images se composent d’elles-mêmes. Mes « territoires » s’élargissent. Je redescends me mêler aux spectateurs. Quelques images encore. Le public semble majoritairement professionnel. Sur les trois cents chaises alignées, cent vingt environ sont occupées. Je remonte sur le toit une nouvelle fois. Le film commence. Je travaille encore un peu cet angle puis ferme à clef la porte du toit et redescends. Le faisceau du projecteur découpant la nuit me rappelle une diapositive prise aux Nuits photographiques de Pierrevert il y a des années. Tentant de refaire la même je me glisse en dessous du rai, allongé dans l’herbe un peu humide, le trépied comme un acrobate m’enjambant, les étoiles tout en haut, en poses très longues. Viennent quelques images remettant le territoire en perspective avec l’infini.
À l’écran c’est Mes chers espions de Vladimir Léon8. Je retrouve dans l’impudeur du début de cette intrigue familiale une réminiscence du Carré 35 d’Éric Caravaca9, vu au Palace d’Aubenas lors des Rencontres des cinémas d’Europe en 2017, et à la suite duquel, la présente résidence mise à part, j’ai définitivement cessé d’aller au cinéma. Ce n’est pas le lieu, ou peut-être n’est-ce juste pas le moment, il faudra pourtant bien essayer un jour, de tenter de comprendre en quoi ce film a durablement asséché mon rapport à l’image. Quand je trouverai le courage de le revoir et de rouvrir cette plaie, je regarderai du côté du dévoiement du langage. Dans mon souvenir, le réalisateur s’acharne à utiliser le cinéma pour assouvir sans pitié sa soif d’humilier son sujet – ses propres parents, qu’il estime responsables de son drame d’ailleurs sans doute à bon droit – , mais avec une telle rancœur intime, boutiquière et inapaisée qu’il échoue brutalement à en faire un film, c’est-à-dire une parole destinée à autrui. Mes chers Espions est moins violent mais plus long. Au bout de trente minutes on voit assez comment remonter les rushes pour en obtenir dix allant au fait avec à la fois plus de poésie et plus de rythme. De l’avis de ceux qui sont restés jusqu’au bout, ce travers du film ne va pas en s’améliorant.
Le 19 août, Lussas, Burzet
Ce matin, à la salle de cinéma de Lussas, à côté de la caserne des pompiers. Je n’y étais jamais entré. Salle un peu désuète, sans prétention, charmante. Comme La Vesprade à Thueyts, elle est exploitée à l’année par la Maison de l’image d’Aubenas. Étrange d’ailleurs, avec l’Imaginaire juste à côté. Sa programmation pourrait par exemple être confiée aux étudiants du mastère, assortie de la contrainte de respecter les critères appliqués aux salles Art et Essai. Pédagogiquement, pour des apprentis documentaristes, devoir gérer une programmation majoritairement fictionnelle, entre films d’auteurs et grosses machines à sous, ce serait un excellent exercice. Bref. Ce matin donc dans cette salle on donne une des projections entrant dans la sélection « cinéma malgré tout », qui sont suivies d’un échange en visioconférence avec le public d’une autre salle ayant vu le même programme. Aujourd’hui la salle partenaire est la Bibliothèque Carré d’art de Nîmes. Deux films : Mon Oncle de Kabylie, un court-métrage de Leïla Touati10, et Pour votre confort et votre sécurité, de Frédéric Mainçon11. Le premier commence. Paysage de montagnes dans la région que dit le titre. Caméra un peu instable. L’oncle couché dans l’herbe écoute la radio qui diffuse un quiz en français et dont les auditeurs sont invités à tenter leur chance en téléphonant leur réponse. Sa sœur est là, assise sur un muret, un neveu arrive, la cinéaste intervient aussi quand son oncle l’interpelle, les voix se superposent, de plus en plus cacophoniques. Je pense aux chemins du Népal où les villageois marchaient autrefois avec une radio à la main ou à l’épaule. La présentatrice répète sa question en boucle : qui était le ministre des affaires étrangères du Troisième Reich entre 1938 et 1945 ? L’oncle sait, le dit dès le début du film (Joachim von Ribbentrop). Les auditeurs appellent, se trompent. Le film s’arrête quand la présentatrice donne la bonne réponse.
La salle s’éclaire. Le débat commence. Sous l’écran, assis à une longue table, Adrien Faucheux et Stéphane Bonnefoi, programmateurs et animateurs de la rencontre, entourent la réalisatrice, Leïla Touati. Au-dessus d’eux est projetée la captation vidéo du public de la bibliothèque nîmoises. L’ambition de ce dialogue par visioconférence est certainement louable. C’est une façon d’affirmer qu’on ne se laisse pas démonter par l’adversité et qu’on est capable de continuer à parler de cinéma même à distance. C’est aussi une marque de générosité à l’endroit du public et des gens de cinéma.
Pourtant les questions soulevées par le dispositif sont nombreuses. Vu du fond de la salle où j’ai installé mon trépied, le rapport d’échelle entre les corps ici présents et ceux les surplombant sur l’écran produit un phénomène déstabilisant de distorsion. Les personnages qui sont absents physiquement mais visibles virtuellement, d’une part se voient mieux que l’auteure et les programmateurs assis à leur table devant nous, et d’autre part littéralement les écrasent. La réalité ainsi fabriquée ne l’est pas pour véhiculer un message de subordination, mais le spectateur peut avoir tendance à l’inférer de lui-même. Du reste, faire entrer l’immédiateté de Skype dans la salle de cinéma, n’est-ce pas une potentielle trahison ? Ou au minimum une façon d’introduire soi-même le ver dans le fruit ? L’échange avec Nîmes n’est pas très fluide. On sent que notre rapport collectif aux techniques mises en œuvre est encore immature, et que celles-ci, choisies en façon de palliatif, n’ont pas été pensées au-delà de ce rôle. Les modérateurs, ne voyant pas l’image de la salle distante au-dessus d’eux, semblent par moments oublier d’en inclure les spectateurs dans la discussion. Comme si nous n’avions pas suffisamment l’habitude et la maîtrise de ce type d’interaction pour que l’expérience n’en soit pas altérée. Ce qui est en un sens rassurant, car si de telles relations désincarnées devenaient la norme des liens entre des humains rompus à ces outils et aux comportements qu’ils induisent, une étape de plus serait franchie vers les puces cérébrales d’Elon Musk12. Les questions posées par le public à Leïla Touati sont peu nombreuses mais moins inquiétantes. Quoique. L’un des animateurs en formule une si alambiquée et si longue que lui-même, arrivé au bout de sa tirade après une minute trente, ne comprend pas ce qu’il a voulu dire et abandonne son invitée au milieu de son salmigondis : « je vous laisse vous débrouiller avec ça ». Pendant un instant on se croirait à un colloque de sociologie. Ceci est soulevé par un intervenant : le bon niveau de culture générale de l’oncle perdu dans sa montage au fin fond d’une ancienne colonie rendrait ce film politique. La réalisatrice est plus mesurée. Vivant en France, elle voulait filmer son oncle là-bas en Kabylie depuis longtemps. Lui toujours rechigne, mais elle y parvient finalement grâce à la radio, qu’il écoute beaucoup, et qui lui offre un moyen de distraire son aïeul de la présence de la caméra. Pour ma part, davantage que l’oncle, le personnage central du film me semble être le bruit. S’il y a un fil politique à en tirer, ce serait peut-être à partir de là.
Je m’éclipse avant le film suivant car j’arrive à court d’idées visuelles dans cette salle et n’ai pas envie de passer ma matinée à refaire les mêmes images. Je retourne vers l’Imaginaire en chercher d’autres. J’en trouve une ou deux. S’en suit une après-midi d’écriture.
Le soir, projection à Burzet, dans un jardin jouxtant une maison de retraite. Quand j’arrive, à dix-neuf heures trente, l’écran n’est toujours pas gonflé. La dame de la mairie ne trouve pas les clefs du local où brancher l’électricité. À la technique ce soir à nouveau, Sylvain et Véronique, avec son compagnon comme acolyte. Nous profitons du temps mort pour déballer nos piques-niques et nos bières et dîner sur la pelouse. Peu après, la dame retrouve les clefs. L’écran est gonflé, le projecteur réglé, et le public arrive, toujours très nombreux. Ce qu’il y a de beau ce soir ici, quoique presque trop intime, ce sont deux amoureux qui s’enroulent dans leurs couvertures au premier rang, couchés devant l’écran. Ils étaient là dès le début. Ils ont dansé sur la musique pendant les réglages de balance. L’imperméabilité de leur bulle est si provocante que je me demande qui d’eux ou du film est le spectacle.
Le 20 août, Aubenas, Lussas et Chabrols
Ce midi nous avons rendez-vous à Lussas avec Pascale Paulat, Rémi Labé qui suit ma résidence pour le département, et Philippe. Arrivé en avance je m’installe au Kilana pour regarder passer la vie. J’ai toujours l’impression que je devrais faire des images de ce genre de situation. J’ai essayé l’autre jour. Je ne devrais pas. Si je voulais faire un reportage sur cet événement, j’ai tout faux : je n’ai pas le bon équipement, je ne suis pas la bonne personne, et quelqu’un d’autre s’en charge déjà. Des portraits alors, en installant un studio dans la rue ? Pourquoi pas, mais cela dirait-il quelque chose du cinéma ? Je pense aussi souvent à cette série de quelqu’un chez Tendance Floue je crois qui, depuis le bord du périphérique parisien, avait photographié les gens au volant de leur automobile avec un téléobjectif de location de six ou huit cents millimètres de focale, en noir et blanc granuleux. C’était une vision plutôt radical de la solitude post-moderne. On aurait dit du Chris Marker. Ce serait intéressant de faire ce genre de chose avec le public d’un festival. Mais je ne veux pas dire solitude ici. Et à nouveau, quel rapport avec le cinéma ?
Après le déjeuner Christophe Postic nous rejoint pour le café. Il s’assoit en face de moi, Pascale nous présente, c’est la première fois que nous nous rencontrons. La taille peu agressive du Leica M nous sert de point de départ à une discussion agréable sur l’expérience du photographiant et du photographié. On parle ensuite tous ensemble de cette édition, de ce qui s’y passe de beau et d’inattendu malgré les circonstances. Par exemple, de nombreux habitués se réjouissent de retrouver un événement à taille humaine. Dans la disponibilité des équipes, la qualité des échanges, cette édition leur rappelle l’atmosphère à la fois bon-enfant et « laboratoire » des premières années. Pour Pascale, avoir la possibilité de déjeuner tranquillement en plein festival comme elle le fait ce midi avec nous est exceptionnelle. Il y a quelque chose de paisible ici. C’est une autre contradiction de ce temps. Mais réduire la voilure l’année prochaine est impossible, ils le savent aussi. Je me demande s’ils vont tenter de résoudre cette équation, et si quelque chose de cette sérénité retrouvée infusera dans les éditions à venir.
L’après-midi Lussas se vide. Le soir, dans l’idée d’assister à une projection chez l’habitant, j’avais d’abord pensé me rendre chez Chantal Steinberg pour la présentation du film collectif des étudiants du mastère de l’École documentaire – les mêmes que j’avais tenté d’apprivoiser en février. Toutefois, si Chantal Steinberg est habitante de Lussas, en tant que directrice de cette école elle en est une singulière, et le public chez elle sera majoritairement constitué des étudiants et d’habitués. Or une autre projection a lieu ce soir, plus anonyme, chez une dame qui a réuni une vingtaine d’amis pour regarder un film de la programmation en présence de son réalisateur. C’est Sinjar, d’Alexandre Liebert13, un travail ambitieux mêlant image fixe et animée, traitant du traumatisme des Yézidis d’Irak livrés à la cruauté de Daech en 2014. Laura Monnier, responsable de la rencontre, accepte que je m’y joigne. On se retrouve pour dîner juste avant. J’avais déjà rencontré Alexandre Liebert aux Nuits de Pierrevert en 2017, où il présentait Black Bazar14, une vidéo où, dans mon souvenir, des photographies étaient mises en mouvement ralenti. À Lussas il est accompagné de Michel Slomka, l’auteur des photographies de Sinjar, et d’Émilie Arfeuil qui travaille avec eux. On parle de la construction du film, du rôle de chacun, on dérive sur le Bec en l’air, L’Usure du Monde… La projection a lieu à quelques minutes en voiture de Lussas, à Charbrols si j’ai bien suivi la route sur la carte, presque à Lavilledieu. C’est une villa moderne un peu à l’extérieur du hameau. Le public est là, prêt. Le projecteur est installé dans le jardin, l’écran contre un mur. C’est Michel Slomka qui présente le film aux habitants. Il les met en garde contre la violence des expériences qu’il relate. Puis Alexandre Liebert dit un mot à son tour. Les gens vont s’installer et le film commence.
Ce dispositif pose à mon avis une question importante de ces « territoires du cinématographe », c’est celle de la frontière entre le cinéma et les autres modalités de projection, et de sa porosité. La soirée est organisée dans le cadre d’un festival. Le public en a été rassemblé par la personne accueillant l’événement. Ils n’ont pas décidé ensemble du film qu’ils allaient voir mais ont répondu à la proposition du festival. Le projecteur et l’écran sont de bonne qualité, mais restent du matériel non-professionnel et de dimension modeste. Le public certes voit un film, mais est-il « au cinéma » ? On pourrait répondre qu’on s’en fiche parce que le principal est qu’il voie un film. Mais creusons plutôt la question. Le public de ce soir est en outre en présence du réalisateur et de deux membres de son équipe, ce qui est courant dans les festivals de cinéma. Mais ici, il l’est dans une proximité telle qu’ils pourront s’ils le souhaitent poser des questions qu’ils n’auraient peut-être pas posées dans une salle, même petite. D’autant plus que les spectateurs semblent bien se connaître et être en confiance les uns avec les autres. Un tel rapprochement entre auteurs et publics est plutôt exceptionnel. Néanmoins je sens bien qu’il y a une différence d’un autre registre entre ce qui a lieu ici et les projections en plein air d’Écran Village et de La Maison de l’image, ou les projections en salle suivies d’un débat avec par exemple la réalisatrice (Mignonnes, de Maïmouna Gueye à Annonay) ou la monteuse (Josiane Zardoya au Regain du Teil pour Delphine et Carole, insoumuses, de Callisto Mc Nulty)15. Mais à quoi tient-elle ? Est-ce juste affaire d’échelle, de taille d’écran, de puissance de projection ? Et avant la généralisation du numérique, la différence tenait-elle au support de diffusion de l’image, pellicule ou vidéo ? Et avant l’apparition de la vidéo ? Une affaire de jauge peut-être ? Pourtant nous étions moins nombreux pour Delphine et Carole au Regain que dans ce jardin. Ou de séparation entre domaines public et privé ? Peut-être, mais pas uniquement : il y a des projections-débats associatives dans les villages d’Ardèche et d’ailleurs dont la taille doit être similaire à celle-ci et devant lesquelles la même question pourrait se poser. La différence est-elle alors à chercher du côté du spectacle ? Aller au cinéma, ce serait aller au spectacle, tandis que se retrouver entre voisins ou amis pour regarder un film chez les uns ou les autres, dans une grange ou à la salle paroissiale, l’est-ce encore ? Ou faut-il faire la distinction, comme le fait Michael Hoare dans une excellente ébauche de l’histoire des ciné-clubs en France, entre « cinéma à but lucratif » et « projection collective non-commerciale »16 ? Qu’en est-il d’ailleurs des ciné-clubs et de leur ambition militante, politique et pédagogique ? Ont-ils toujours été considérés comme du cinéma ou cela a-t-il fait débat ?
La scène qui se déroule dans ce jardin est du reste tout à fait photogénique.
Une autre question m’est revenue ce soir en écoutant se présenter Alexandre Liebert et Michel Slomka, c’est celle de la place artistique de chacun dans la fabrication d’un objet à plusieurs voix. Question à laquelle j’ai eu à réfléchir à plusieurs reprises. La collaboration avec la sociologue Vaélrie Cuzol17 m’a permis d’y apporter une réponse claire et en quelque sorte réparatrice, ayant précédemment payé assez cher mon impréparation dans d’autres projets de ce type où, « si je tenais mal mon rôle, c’était de n’y comprendre rien… » (Léo Ferré). Posant une parole collective sur la place publique, on ne mesure jamais assez combien le sens qu’on croit énoncer ensemble peut être secondaire par rapport au territoire que, ce faisant, chacun en vient à occuper – ou du moins, peut être distordu par la primauté du territoire sur le sens – et combien l’occupation de ce territoire, irrésistiblement individuelle, abolit le collectif. On ne mesure jamais assez combien nos métiers consistent à assigner des individus à leur place.
Manqué Jofroi, malheureusement. De toute manière au milieu d’une foule nous n’aurions pu nous dire grand chose. Le tout Lussas parle de lui en revanche. Son passage par ce mastère semble avoir marqué les esprits. Sans doute cette bonne impression n’est-elle pas étrangère à son indifférence aux tentations exposées au paragraphe précédent.
Le 22 août, Nyons
Rentré hier matin de Lussas. Ce soir, reçu un courriel de Pascale Paulat disant peu ou prou ce que dit le communiqué publié le même jour par les États généraux18 : annulation de la dernière journée de festival pour cause de contamination d’un membre bénévole de l’équipe. Faire semble devenu impossible. Et maintenant, se faire tester.
Le 31 août, Nyons
Test négatif. À Lussas aussi, toute l’équipe19.
Le 2 septembre, Nyons
J’ai trouvé des mots qui disent assez bien ce que j’essayais de formuler l’autre jour : le malaise que je ressens face au film de Nicolas Bedos, La belle Époque. C’est comme il arrive souvent l’ami Arno Bertina qui me donne la clef. Marie, mon épouse, m’a offert son dernier livre, L’Âge de la première passe. Un récit de plusieurs séjours centrés sur des ateliers d’écriture avec un groupe de prostituées de Pointe-Noire au Congo. Vient un passage où il s’interroge sur le rôle de la langue française dans leurs échanges. Pour ces jeunes femmes, le français est la langue du contrôle, de la sanction, du fléchissement sous l’autorité. C’est pourtant la seule dont il dispose pour recueillir auprès d’elles une parole de l’intime. Pour que cette parole ne soit pas toujours déjà exprimée sous contrainte, il faudrait donc, dit-il, « désactiver la fonction de contrôle qui s’exerce jusque dans le langage, et sa fonction normative »20. Et pour appuyer cette idée il convoque le poète américain Peter Gizzi (que par la même occasion je découvre) : « Je déteste ça, quand la syntaxe me connecte aux riches »21. Je ne savais pas qu’on pouvait dire un sentiment aussi profond avec des mots aussi simples. Une autre manière de réfléchir à ce que ce film a d’obscène et de révoltant est de partir de Pasolini : « Je ne regrette pas l’âge d’or, mais l’âge du pain »22.
1 Frédéric Lecloux, « Territoires du cinématographe I », blog Aux Bords du cadre [en ligne], 17 février 2020. Disponible sur https://www.fredericlecloux.com/territoires-du-cinematographe-i/. Consulté le 25 août 2020.
2 Frédéric Lecloux, « Territoires du cinématographe V », blog Aux Bords du cadre [en ligne], 6 juin 2020. Disponible sur https://www.fredericlecloux.com/territoires-du-cinematographe-v/. Consulté le 25 août 2020.
3 Le compte Instagram d’Emmanuel Le Reste est disponible en ligne sur https://www.instagram.com/emmanuel_le_reste/. Consulté le 15 septembre 2020.
4 Mozinor, Bite it [vidéo parodiée], 2006. Disponible en ligne sur https://www.youtube.com/watch?v=0JUB5b06SR0. Consulté le 15 septembre 2020.
5 Gilles Deleuze, Qu’est-ce que l’acte de création ? [conférence], La Femis, Paris, le 17 mai 1987. Texte intégral publié dans Trafic, éditions P.O.L., n°27, septembre 1988. Disponible en ligne sur http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=3103. Consulté le 15 septembre 2020.
6 Giogio Agamben, « Qu’est-ce que l’acte de création ? », in Création et anarchie. L’Œuvre à l’âge de la religion capitaliste, Payot & Rivages, 2019, pp. 29 sq.
7 Pascale Paulat, Christophe Postic, « Les États généraux du film documentaire 2020. Éditorial » [en ligne]. Disponible sur http://lussasdoc.org/etats-generaux,2020,714.html.
8 Vladimir Léon (réal.), Mes chers Espions [film], Sanosi Productions (prod.), 134 min., 2020.
9 Éric Caravaca (réal.), Carré 35 [film], Les Films du poisson (prod.), 67 min., 2017.
10 Leïla Touati (réal.), Mon oncle de Kabylie [film], Ignis Fatuus (prod.), 5 min., 2020.
11 Frédéric Mainçon (réal.), Pour votre confort et votre sécurité, Entre2Prises (prod.), 59 min., 2020.
12 Natacha Triou (prod.), Le Cerveau connecté selon Elon Musk, Le Journal des sciences [émission radiophonique], France Culture, 31 août 2020, 5 min. Disponible en ligne sur : https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-des-sciences/le-journal-des-sciences-du-lundi-31-aout-2020. Consulté le 15 septembre 2020.
13 Alexandre Liebert (réal.), Michel Slomka (photographies), Sinjar, naissance des fantômes, La Vingt-Cinquième Heure (prod.), 103 min., 2020.
14 Alexandre Liebert (réal.), Tilby Vattard (photographies), Black Bazar, 4 min 54 sec., 2017.
15 Frédéric Lecloux, « Territoires du cinématographe II », blog Aux Bords du cadre [en ligne], 4 mars 2020. Disponible sur https://www.fredericlecloux.com/territoires-du-cinematographe-ii/. Consulté le 15 septembre 2020.
16 Michael Hoare, « Éléments sur l’histoire des ciné-clubs en France », Avenir Vivable [en ligne], 2007 (?), Disponible sur http://www.avenirvivable.ouvaton.org/journal/cineclubhistoire.html. Consulté le 15 septembre 2020.
17 Valérie Cuzol, Frédéric Lecloux (réal.), Quel côté de l’absence ? [film photographique], 35 min. 2018.
18 États généraux du film documentaire, Page Facebook des États généraux du film documentaire [en ligne]. Disponible sur https://www.facebook.com/LussasEtatsgenerauxdufilmdocumentaire/posts/3528386270539385. Consulté le 15 septembre 2020.
19 États généraux du film documentaire, Page Facebook des États généraux du film documentaire [en ligne]. Disponible sur https://www.facebook.com/LussasEtatsgenerauxdufilmdocumentaire/posts/3550672084977470. Consulté le 15 septembre 2020.
20 Arno Bertina, l’Âge de la première passe, Verticales, 2020, p.65.
21 Peter Gizzi, Archéophonies, Éditions Corti, 2018.
22 cité par Philippe Gavi et Robert Maggiori, « Préface » [1976], in Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires, Flammarion, coll. Champs-arts, 2018, p 28.
Photographie : États généraux du film documentaire, Lussas, 18 août 2020